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Charge mentale : de sa dimension individuelle à sa dimension collective. Comment mieux composer avec ?

Manque de temps libre, manque de temps pour soi, manque de temps long, sont autant de composantes qui sont touchées par le poids de la charge mentale. Nous avons beau anticiper, chercher à la « gérer », elle parait souvent écrasante, comme si elle avait toujours une longueur d’avance sur nous quoi que nous fassions. 


Le sentiment de surcharge est une notion subjective qui dépend entre autres de nos limites personnelles, de ce qui est acceptable ou non, de la valeur que nous accordons au temps. À la fois connue de tous, femmes et hommes, la notion de charge mentale est parfois galvaudée (par exemple au sein du couple ou en entreprise) et il convient de la redéfinir pour comprendre de quoi nous parlons vraiment. 



Charge mentale : de quoi parle-t-on concrètement ? 


En 1984, la sociologue Monique Haicault met en évidence que les deux univers, professionnel et domestique, ne sont pas étanches. Il s’agit de jongler entre des espaces-temps qui s’entrecroisent, entre la gestion du quotidien (et cela va au-delà des tâches domestiques.) et les obligations et ambitions professionnelles (décloisonnement de la sphère pro, télétravail, connectivités…). 

Parfois une sphère prends le dessus sur une autre réduisant nos capacités à prendre soin de notre équilibre personnel et par conséquent collectif. Et à cela s’ajoute la pression sociale et culturelle : injonctions sociétales de la performance, de la « réussite » à tout combiner, les effets du genre hérités d’une culture patriarcale.


Pour illustrer ce dernier point, près de la moitié (44 %) des mères de famille interrogées affirment ainsi avoir « souvent » l’impression de ne pas s’en sortir (31 % des pères de famille). Et 85 % des femmes avec enfant à charge « éprouvent des difficultés à concilier vie personnelle et professionnelle. »


C’est dans ce jeu d’équilibriste que la tension s’installe et réfère à la charge mentale et influe sur l’expression du mal-être individuel. 


Selon l'OMS, la charge mentale se réfère à « la charge cognitive et émotionnelle résultant des exigences et des contraintes de la vie quotidienne et du contexte social dans lequel les individus vivent». 


La charge mentale englobe à la fois les aspects émotionnels et cognitifs est influencée par le contexte social et culturel dans lequel nous vivons. 



Les racines de la charge mentale 


La charge mentale prend racine dans toutes les sphères de notre vie. Par exemple dans la sphère professionnelle de plus en plus décloisonnée (et dont l’impact a été retentissant suite au covid). La charge mentale professionnelle est « le fait d’être mentalement préoccupé par des considérations d’ordre professionnel, y compris en dehors de ses horaires de travail. ». 


Aussi dans la sphère domestique : la charge s’accumule entre tâches quotidiennes, le « care » des membres de son foyer notamment pour les femmes. Les femmes s’occupent plus des autres et cela se vérifie statistiquement : une étude de Doctolib – la plateforme de prise de rendez-vous médicaux – révèle que 77 % des « rendez-vous médicaux pris pour le compte d’un proche » sont réalisés par des femmes. On monte à 81 % pour les rendez-vous chez le pédiatre.

Les femmes ont en l’occurrence pour habitude d’être sur tous les fronts, à la maison au travail et pour les autres !


Enfin, la charge mentale peut également être de l’ordre de la sécurité (financière et matérielle par exemple) compte tenu de la conjoncture actuelle et de notre monde de plus en plus incertain. 


Il est important de considérer le fait qu’elle varie de tout à chacun et selon les périodes de vies. Ces deux variables nous permettent de rester dans une réalité objective : « Ma vie ne se résume pas automatiquement à ce que je vis en ce moment. »



Les signaux à considérer pour « bien-veiller » sur soi


Le plus souvent invisible et intangible, cette surcharge peut entraîner un sentiment de culpabilité à ne « pas arriver à joindre les deux bouts ». Il est essentiel de rester conscient de ce qui nous traverse, des éventuels signaux d’alerte pour prendre soin de soi et ne pas laisser ses limites voler en éclats. 


Selon les Français, la fatigue (73 %), le stress (59 %) et l’irritabilité (56 %) sont les principaux signes d’une charge mentale trop importante. Si la durée et l’intensité de cette charge mentale sont persistantes, cela peut aller jusqu’à des conséquences plus graves comme le burn-out ou des risques d’agressivité auprès de son entourage.


Pour « bien-veiller » sur vous, voici quelques signaux à observer et les questions que vous pouvez vous poser : 


  • Une fatigue qui s’installe sur plusieurs semaines et un sentiment d’impuissance

    • Ai-je adopté une routine équilibrée (sommeil, alimentation, hydratation) et comment je me sens malgré cela ? 


  • Un sentiment de trop-plein durable qui se manifeste dans le corps et dans l’esprit 

    • Quelles sont les manifestations corporelles que je ressens en ce moment ? 


  • Un sommeil perturbé sur plusieurs semaines 

    • Quelles sont les pensées qui reviennent en boucle et qui prennent trop de place ? 


  • Des difficultés de concentration et d’attention 

    • Est-ce que j’arrive à être pleinement à ce que je fais ? 

    • Quelle place prend mon téléphone dans mon quotidien/quel usage (scrolling intempestif) ? 


  • Penser constamment à la place des autres et leur rappeler leur tâche à faire 

    • Ai-je partagé avec les personnes concernées ce dysfonctionnement ? 

    • Sur quoi je pourrais déprioriser mon investissement ?


  • Un appétit impacté 

    • Est-ce que je prends le temps pour des repas équilibrés ? 

    • Est-ce que je trouve le goût habituel à prendre le temps de manger ? 


  • Des relations plus tendues avec l’entourage sur le temps long

    • Comment je me sens dans mes relations familiales et au travail en ce moment ? 


  • Un quotidien en mode projet et non pas vécu pleinement 

    • Est-ce que j’enchaîne comme un poulet sans tête où je suis dans une présence consciente ?  



Des pistes pour mieux composer avec sa charge mentale


Dans les discours du développement personnel, la charge mentale est souvent abordée sous un angle purement individuel, encourageant une introspection personnelle. Or, comme nous l’avons vu plus haut, cette vision néglige un aspect essentiel : l’impact du collectif et de notre culture (place du travail, définition de la réussite, répartition genrée des tâches etc). 


Nous allons ici nous focaliser sur ce qui est à notre portée, ce sur quoi nous pouvons agir. 


Au niveau INDIVIDUEL, voici 9 ressources dans lesquelles piocher :


  1. Le premier pas consiste à prendre conscience : en observant ses ressentis et en accueillant sa réalité vécue 

  2. Poser les choses à faire par écrit : permet de déposer tout ce que nous avons dans la tête et de se concentrer sur un pas-à-pas plutôt que de voir la montagne restante à gravir

  3. Prioriser : organiser sa journée en se fixant des objectifs et identifier ce qui n’est pas prioritaire. 

  4. Agir avec plus de conscience, en posant le téléphone et en se ressentant dans ses 5 sens

  5. Prendre conscience de son exigence élevée : mesurer l’importance de chaque action en se demandant si je me souviendrai de l’impact dans 1 an. 

  6. Chaque soir, identifier les victoires de sa journée plutôt que focaliser uniquement sur la charge restante

  7. Déposer sa charge émotionnelle : écrire, poser les mots/maux, dans une écriture intuitive sans exigence de narration pour s’alléger le cœur. 

  8. Instaurer des rituels REALISABLES : 1 minute d’espace de respiration, lire 5 pages de son livre par jour, 3 minutes à ne rien faire et se concentrer sur son corps, se mettre de la crème hydratante et délasser les tensions de la journée… 

    1. L’importance de ritualiser pour en faire une habitude

    2. Il doit être quantifié pour être réalisable dans votre quotidien, sans vous en rajouter. 

  9. Faire une cure de magnésium en complément



Au niveau COLLECTIF, voici 5 exemples de ressources : 


  • EXPRIMER SES LIMITES : c’est une façon de se respecter et de se protéger. 

  • Déléguer et apprendre aux enfants et particulièrement les garçons, à s’impliquer dans la logistique familiale. 

  • S’appuyer sur des outils collaboratifs pour organiser ses journées. Par exemple, un agenda partagé pour un couple permet à chacun d’avoir une vision d’ensemble et de s’impliquer à sa juste mesure (permet de rendre tangible la charge)

  • Mettre en place des règles simples et juste pour impliquer son entourage pro ou sa famille à charge égale 

  • Sensibiliser en parlant de la réalité de la charge mentale 



En quoi la sophrologie permet de mieux composer avec la charge mentale ? 


Lorsque notre « phare intérieur » ne nous permet plus de voir clair, faire appel à un sophrologue peut offrir une nouvelle manière d’appréhender le quotidien.


La première étape consiste à se reconnecter à son corps, afin de libérer de l’espace à l’intérieur de soi. Il s'agit de prendre conscience de ses tensions et de leur possible relâchement. En invitant le corps à se détendre, on permet à l’esprit de suivre le même chemin.


Prendre soin de son esprit passe par le retour à l’instant présent. Les pensées ruminantes occupent souvent beaucoup d’espace, notamment lorsque la « to-do list » s’allonge. En revenant à ce que l’on ressent dans l’instant précis, par des techniques adaptées, nous diminuons la sur-vigilance liée à la charge mentale et nous pouvons réduire progressivement les effets de la surcharge cognitive.


La sophrologie aide aussi à déposer et accueillir les émotions qui peuvent déborder lorsque la charge mentale est trop forte. Quand la durée et l’intensité de la charge mentale perdure, elle peut entraîner des troubles émotionnels comme l’anxiété. L’objectif de l’accompagnement est de prendre soin de cet état et de guider le pratiquant vers un équilibre intérieur plus harmonieux.


Enfin, prendre le temps de se recentrer permet également d’apprendre à identifier ses limites et, surtout, à les respecter. C’est l’une des clés essentielles face à la charge mentale.


En cultivant ses ressources pour prendre soin de son corps, de ses émotions et de son esprit, nous développerons ensemble une attitude plus positive et juste, améliorerons la qualité du sommeil et renforcerons un mental plus serein face aux défis quotidiens.



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